Trois figures de l’Avent pour l’année A

La liturgie de l’Avent de l’année A nous fait entendre les annonces directes de la venue du Messie à travers trois figures : Isaïe, Jean-Baptiste et Marie. (lire la suite ici) 

1. ISAÏE

Né aux alentours de 765 avant J.C., il est marié et père de deux enfants.
Isaïe (dont le nom signifie Dieu sauve) reçut sa vocation prophétique (cf. le parchemin de l’image ci-dessus, Is 6,7) l’année de la mort du roi Ozias (740) et exerça son ministère durant 40 ans. Son génie religieux a marqué son époque et a fait école si bien que le livre qui porte son nom regroupe une grande variété de textes du prophète lui-même mais aussi de lointains disciples du temps de l’Exil à Babylone (597-538).

Les premières semaines de l’Avent sont centrées sur ses oracles. La lecture semi continue quotidienne nous fait traverser le livre des chapitres 2 à 56. Les dimanches de l’année A (et aussi ceux de l’année B) complètent ce corpus. Ces lectures de l’Ancien Testament portent vive l’espérance d’un peuple qui a su attendre au long des siècles la réalisation des promesses de Dieu. Elles offrent donc une matière forte pour soutenir l’espérance chrétienne dans ces premières semaines qui font essentiellement mémoire de l’attente de la venue du Christ en gloire (cf. eschatologie).
C’est pourquoi le lectionnaire ne s’arrête pas à ces seuls oracles, mais en donne le sens profond en les reliant à leur réalisation en Jésus Christ : aux prophéties répondent les gestes de l’Évangile qui justement auraient dû le faire reconnaître comme le Messie par le peuple d’Israël préparé par des siècles d’annonce.

« Le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous) » (Is 7, 14, 4e dimanche de l’Avent – A)

2. JEAN-BAPTISTE

Il est le « Précurseur », celui qui prépare à la venue du Christ, comme l’indique l’inscription de l’icône.
À partir du Jeudi de la 2e semaine de l’Avent, Jean-Baptiste fait son apparition dans les évangiles quotidiens et nous découvrons son rôle dans l’histoire du Salut. En complément, les 2e et 3e dimanches de chaque année, nous entendons sa prédication.
Il montre du doigt la Croix, l’objet de l’espérance annoncée par le prophète Isaïe qui avait ouvert une fenêtre, celle de l’attente eschatologique où de manière définitive « la gloire sera la demeure » de toutes les nations (cf. Is 11, 10).
Jean-Baptiste fait entrer dans une attente plus actuelle qui se nourrit de conversion, de changement intérieur comme mouvement d’accueil de Celui qui vient. Il est présenté comme la figure du « petit » auquel il convient de ressembler pour être en mesure de reconnaître la venue du Messie. Il est aussi celui dont le désir est pur, vif et brûlant comme le désert qu’il traverse sans autre préoccupation que celle d’annoncer Celui devant qui il s’efface. L’attente caractéristique de l’Avent s’apparente dès lors à un travail sur soi, un travail de simplification de l’âme, d’ouverture à l’Esprit Saint, d’élargissement du désir de la présence de Dieu. Elle conduit au retournement intérieur pour accueillir le Christ.

« Moi, je vous baptise dans l’eau en vue de la conversion. Celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. » (Mt 3, 11 ; 2e dimanche de l’Avent – A)

3. LA VIERGE MARIE

Marie est figurée ici en orante, les mains levées (geste antique de la prière), et présente le Christ enfant sur la poitrine. La Vierge est devenue à l’Annonciation « Arche d’Alliance », celle qui porte la Parole de Dieu, le Verbe qui s’est fait chair (cf. Ex 37, 1-10 et Jn 1, 1-14). Voilà pourquoi, selon la description biblique de cette Arche est représenté le séraphin que l’on reconnaît à ses trois paires d’ailes (Is 6, 2). L’inscription de chaque côté de la tête de la Vierge indique « La Mère de Dieu », celle dans l’auréole crucifère de Jésus « Celui qui est » et sur ses épaules :  » Jésus Christ ».
L’humble jeune fille de Nazareth dont toute la vie fut accueil, foi et espérance, incarne, mieux que quiconque, le croyant qui accueille au cœur de son existence le don de Dieu. Le concile Vatican II (cf. LG ch. 8) rappelle que Marie est toute entière du côté de l’humain et que tout ce qui est dit d’elle dans la Bible et la liturgie n’est qu’affirmation de la foi au Christ.
« Seigneur, tu as placé la bienheureuse Vierge Marie au sommet d’Israël et au commencement de l’Église. (…) Fille d’Adam par nature, Marie a réparé, par sa pureté, la faute de la première femme ; de la descendance d’Abraham par sa foi, c’est en croyant qu’elle a conçu le Fils de Dieu ; de l’arbre de Jessé par sa naissance, elle a produit sa fleur et son fruit, Jésus, le Christ notre Seigneur. » (préface de la messe « La Vierge Marie, fille de Sion », in « Messes en l’honneur de la Vierge Marie », n° 1, 1988)

L’Ange Gabriel dit : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. » (Lc 1, 31).

Bienheureuse espérance

Dans la semaine qui précède Noël, l’Église nous a invité à lire la « Généalogie de Jésus » selon l’évangéliste Matthieu (Mt 1, 1-17).
Depuis le Moyen-Âge on l’a représentée par l’image de l’ « Arbre de Jessé » en référence au livre du prophète Isaïe : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur. » (Is 11, 1-2).

Ici, tout en haut de l’image, le Christ entouré de colombes qui signifient ces dons de l’Esprit.
En bas, à la racine de l’arbre est couché Jessé de Bethléem, le père du roi David : il médite sous l’éclairage d’une lampe.
Au-dessus de lui ses descendants, les rois David et Salomon.
La Vierge Marie est entourée de deux anges qui la saluent.
De chaque côté, les prophètes qui ont annoncé la naissance du Christ et qui présentent leurs prophéties :
– en bas, à gauche, Isaïe (texte déjà cité)
– au-dessus, Jérémie (lu le 18) : « Voici venir des jours, où je susciterai pour David un Germe juste. » (Jr 23, 5)
– en bas, à droite, Michée : « Et toi, Be-thléem Éphrata, le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que sortira pour moi celui qui doit gouverner Israël. » (Mi 5, 1)
– au-dessus, Zacharie : « Voici que je fais venir mon serviteur le “Germe“. » (Za 3, 8)
Au long des siècles ils ont soutenu l’espérance d’Israël et cette « espérance ne sera pas déçue » (Rm 5, 5).