La Messe expliquée par le Pape

Il s’agit d’un ensemble de catéchèses données par le Pape François en 2017 et 2018 à l’occasion de ses audiences du mercredi matin.
Ces extraits ont été publiés dans les feuilles d’informations paroissiales du dimanche 2 décembre 2018 au dimanche 30 juin 2019.

  1. 1. L’Eucharistie est un événement merveilleux dans lequel Jésus Christ, notre vie, se fait présent. Participer à la Messe signifie : vivre encore une fois la passion et la mort rédemptrice du Seigneur. C’est une théophanie : le Seigneur se fait présent sur l’autel pour être offert au Père pour le salut du monde. Le Seigneur est là avec nous, présent.
    Souvent, nous allons là, nous regardons les choses, nous bavardons entre nous et le prêtre célèbre l’Eucharistie… et nous ne célébrons pas à ses côtés. Mais c’est le Seigneur ! Si le président de la République ou une personne très importante dans le monde venait ici aujourd’hui, il est certain que nous serions tous près de lui, que nous voudrions le saluer. Mais réfléchis : quand tu vas à la Messe, c’est le Seigneur qui est présent ! (…)
    « Père, c’est que les Messes sont ennuyeuses » — « Mais que dis-tu, le Seigneur est ennuyeux ? » — « Non, non, pas la Messe, les prêtres » — « Ah, que les prêtres se convertissent, mais c’est le Seigneur qui est présent ! ». Compris ? Ne l’oubliez pas.
    Participer à la Messe signifie vivre à nouveau la passion et la mort rédemptrice du Seigneur. (…) À  travers ces catéchèses que nous commençons aujourd’hui, je voudrais redécouvrir avec vous la beauté qui se cache dans la célébration eucharistique et qui, une fois dévoilée, donne tout son sens à la vie de chaque personne. (8 novembre 2017)

 

  • 2. La Messe est prière, elle est même la prière par excellence, la plus élevée, la plus sublime, et dans le même temps la plus « concrète ». En effet, c’est la rencontre d’amour avec Dieu, à travers sa Parole et le Corps et le Sang de Jésus. C’est une rencontre avec le Seigneur. (…) La prière est tout d’abord dialogue, relation personnelle avec Dieu. Et l’homme a été créé comme être en relation personnelle avec Dieu. (…)
    Prier, comme tout véritable dialogue, est également savoir demeurer en silence — dans les dialogues il y a des moments de silence —, en silence avec Jésus. Quand nous allons à la Messe, nous arrivons peut-être cinq minutes à l’avance et nous commençons à bavarder avec celui qui est à côté de nous. Mais ce n’est pas le moment de bavarder : c’est le moment du silence pour nous préparer au dialogue. C’est le moment de nous recueillir dans notre cœur pour nous préparer à la rencontre avec Jésus. Le silence est si important ! (…) Nous n’allons pas à un spectacle, nous allons à la rencontre du Seigneur et le silence nous prépare et nous accompagne. Demeurer en silence avec Jésus. Et du mystérieux silence de Jésus jaillit sa Parole qui retentit dans notre cœur. Jésus lui-même nous enseigne comment il est réellement possible « d’être » avec le Père et il nous le démontre par sa prière. (Audience, 15 novembre 2017)

 

  • 3. La célébration dominicale de l’Eucharistie est au centre de la vie de l’Église. Nous, chrétiens, allons à la Messe le dimanche pour rencontrer le Seigneur ressuscité, ou mieux, pour nous laisser rencontrer par Lui, écouter sa parole, nous nourrir à sa table, et devenir ainsi Eglise, c’est-à-dire son Corps mystique vivant dans le monde. (…)
    L’abstention du travail le dimanche n’existait pas aux premiers siècles: c’est une contribution spécifique du christianisme. Pour la tradition biblique, les juifs se reposaient le samedi, tandis que dans la société romaine, aucun jour hebdomadaire d’abstention des tâches serviles n’était prévu. Ce fut le sens chrétien de vivre en tant qu’enfants et non en tant qu’esclaves qui fit du dimanche — presque universellement — le jour du repos. (…) Il est vrai que la qualité de la vie chrétienne se mesure à la capacité d’aimer, comme l’a dit Jésus: « A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13, 35); mais comment pouvons-nous pratiquer l’Evangile sans puiser l’énergie nécessaire pour le faire, un dimanche après l’autre, à la source intarissable de l’Eucharistie ? Nous n’allons pas à la Messe pour donner quelque chose à Dieu, mais pour recevoir de Lui ce dont nous avons véritablement besoin. (Audience, 13 décembre 2017)

 

  • 4. La Messe est composée de deux parties, qui sont la liturgie de la Parole et la liturgie eucharistique, si étroitement liées entre elles qu’elles forment un unique acte de culte. Introduite par plusieurs rites préparatoires et conclue par d’autres, la célébration est donc un unique corps et ne peut être séparée. (…)
    Quand le peuple est rassemblé, la célébration s’ouvre par les rites d’introduction, qui comprennent l’entrée des célébrants ou du célébrant, le salut – « Le Seigneur soit avec vous » – l’acte de pénitence, « je confesse », au cours duquel nous demandons pardon pour nos péchés – le Kyrie eleison, l’hymne du Gloria, et la prière de la collecte : elle s’appelle « prière de la collecte » non pas parce que l’on fait la collecte des offrandes : c’est la collecte des intentions de prière de tous les peuples ; et cette collecte de l’intention des peuples monte au ciel comme une prière.
    Le but de ces rites d’introduction est de faire en sorte que les fidèles qui se réunissent réalisent une communion et se disposent à bien entendre la parole de Dieu et à célébrer dignement l’Eucharistie. Ce n’est pas une bonne habitude de regarder sa montre et de dire : « Je suis dans les temps, j’arrive après le sermon et avec cela, j’accomplis le précepte. » La Messe commence avec ces rites d’introduction, parce que c’est là que nous commençons à adorer Dieu en tant que communauté. C’est pour cela qu’il est important de prévoir de ne pas arriver en retard, mais en avance, pour préparer son cœur à cette célébration de la communauté. (Audience, 20 décembre 2017)

 

  • 5. Alors que, généralement, a lieu le chant d’entrée, le prêtre, accompagné des autres ministres, arrive en procession au presbytérium (= le chœur de l’église), et là, il salue l’autel en s’inclinant et, en signe de vénération, il le baise et, s’il y a de l’encens, il l’encense. Pourquoi ? Parce que l’autel est le Christ : c’est la figure du Christ. Quand nous regardons l’autel, nous regardons précisément là où il y a le Christ.
    Ces gestes, qui risquent de passer inaperçus, sont très significatifs, parce qu’ils expriment depuis le début que la Messe est une rencontre d’amour avec le Christ, qui, « en livrant son corps sur la croix (…) est à lui seul l’autel, le prêtre et la victime » (5e préface de Pâques). En effet, l’autel, en tant que signe du Christ, « est le centre de l’action de grâce qui s’accomplit pleinement par l’Eucharistie » (Présentation Générale du Missel Romain – PGMR – n° 296), et de toute la communauté autour de l’autel, qui est le Christ ; non pas pour regarder le visage les uns des autres, mais pour regarder le Christ, parce que le Christ est au centre de la communauté, il n’est pas éloigné d’elle. (Audience, 20 décembre 2017)

 

  • 6. (Au début de la messe) le prêtre qui préside fait le signe de la croix sur lui et tous les membres de l’assemblée font de même, conscients que l’acte liturgique s’accomplit « au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit ». (…) Toute la prière se déroule, pour ainsi dire, dans l’espace de la Très Sainte Trinité qui est un espace de communion infinie ; elle a comme origine et comme fin l’amour de Dieu un et Trine, qui nous a été manifesté et donné dans la Croix du Christ. En effet, son mystère pascal est un don de la Trinité, et l’Eucharistie jaillit toujours de son cœur transpercé. En nous marquant du signe de la croix, donc, non seulement nous faisons mémoire de notre baptême, mais nous affirmons que la prière liturgique est la rencontre avec Dieu en Jésus Christ, qui pour nous s’est incarné, est mort sur la croix et a ressuscité dans la gloire.

    Le prêtre adresse donc le salut liturgique, à travers l’expression: « Le Seigneur soit avec vous » ou une autre semblable ; et l’assemblée répond: « Et avec ton esprit ». Nous sommes en dialogue; nous sommes au début de la Messe et nous devons penser à la signification de tous ces gestes et paroles. Nous entrons dans une « symphonie », dans laquelle retentissent diverses tonalités de voix, y compris des temps de silence, en vue de créer l’« accord » entre tous les participants, c’est-à-dire de nous reconnaître comme étant animés par un unique Esprit et pour une même fin. En effet, « cette salutation et la réponse du peuple manifestent le mystère de l’Eglise rassemblée » (PGMR n° 50). On exprime ainsi la foi commune et le désir réciproque d’être avec le Seigneur et de vivre l’unité avec toute la communauté. (Audience, 20 décembre 2017)

     

  • 7. Dans le contexte des rites d’introduction, l’acte pénitentiel, dans sa sobriété favorise l’attitude avec laquelle se disposer à célébrer dignement les saints mystères. (…) L’invitation du prêtre s’adresse à toute la communauté en prière, parce que nous sommes tous pécheurs. (…) Celui qui est conscient de ses propres misères et qui baisse les yeux avec humilité, sent se poser sur lui le regard miséricordieux de Dieu. Nous savons par expérience que seul celui qui sait reconnaître ses erreurs et demander pardon reçoit la compréhension et le pardon des autres.

    Ecouter en silence la voix de la conscience permet de reconnaître que nos pensées sont éloignées des pensées divines, que nos paroles et nos actions sont souvent mondaines, c’est-à-dire qu’elles ne sont guidées que par des choix contraires à l’Évangile. C’est pourquoi, au début de la Messe, nous accomplissons de manière communautaire l’acte pénitentiel à travers une formule de confession générale, prononcée à la première personne du singulier. Chacun confesse à Dieu et à ses frères d’avoir « péché, en parole, par action et par omission ». Oui, aussi par omission, c’est-à-dire d’avoir négligé de faire le bien que j’aurais pu faire. (…) Le péché coupe : il coupe la relation avec Dieu et il coupe la relation avec nos frères, la relation dans la famille, dans la société, dans la communauté: le péché coupe toujours, il sépare, il divise. (Audience, 3 janvier 2018)

     

  • 8. Les mots que nous prononçons avec la bouche (en disant le Je confesse à Dieu) sont accompagnés par le geste de se frapper la poitrine, en reconnaissant que j’ai péché précisément par ma faute, et non par la faute des autres. Il arrive en effet souvent que, par peur ou par honte, nous pointions le doigt pour accuser les autres. Cela coûte d’admettre d’être coupables, mais cela nous fait du bien de le confesser avec sincérité. (…)

    Après la confession du péché, nous supplions la Bienheureuse Vierge Marie, les anges et les saints de prier le Seigneur pour nous. En cela aussi, la communion des saints est précieuse : c’est-à-dire que l’intercession de ces « amis et modèles de vie » nous soutient sur le chemin vers la pleine communion avec Dieu, quand le péché sera définitivement anéanti. (…)
    L’Écriture Sainte nous offre de lumineux exemples de figures « pénitentes » qui, en revenant en elles-mêmes après avoir commis le péché, trouvent le courage d’ôter leur masque et de s’ouvrir à la grâce qui renouvelle le cœur. (…) Se mesurer avec la fragilité de l’argile dont nous sommes façonnés est une expérience qui nous fortifie : alors qu’elle nous place en face de notre faiblesse, elle ouvre notre cœur pour invoquer la miséricorde divine qui transforme et convertit. Et c’est cela que nous accomplissons dans l’acte pénitentiel au début de la Messe. (Audience, 3 janvier 2018)

     

  • 9. C’est de la rencontre entre la pauvreté humaine et la miséricorde divine que prend vie la gratitude exprimée dans le « Gloria », « une hymne très ancienne et vénérable par laquelle l’Église, rassemblée dans l’Esprit Saint, glorifie Dieu le Père ainsi que l’Agneau qu’elle supplie. »

    Le début de cette hymne « Gloire à Dieu au plus haut des cieux » reprend le chant des Anges à la naissance de Jésus à Bethléem, annonce joyeuse de l’union entre le ciel et la terre. Ce chant nous touche nous aussi, qui sommes recueillis en prière : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ».
    Après le « Gloria », ou encore, en l’absence de celui-ci, immédiatement après l’acte de pénitence, la prière revêt une forme particulière dans l’oraison appelée « collecte », au moyen de laquelle est exprimé le caractère propre de la célébration, qui varie selon les jours et les temps de l’année. Avec l’invitation « prions », le prêtre exhorte le peuple à se recueillir avec lui dans un moment de silence, afin de prendre conscience d’être en présence de Dieu et de faire ressortir, chacun dans son cœur, les intentions personnelles avec lesquelles il participe à la Messe. Le prêtre dit : « prions » ; puis a lieu un moment de silence, et chacun pense aux choses dont il a besoin, qu’il veut demander, dans la prière. (Audience, 10 janvier 2018)

     

  • 10. Le silence ne se réduit pas à l’absence de paroles, mais signifie se disposer à écouter d’autres voix : celle de notre cœur et surtout, la voix de l’Esprit Saint. (…) Ainsi, avant la prière initiale, il aide à nous recueillir en nous-mêmes et à penser à la raison pour laquelle nous sommes là. D’où l’importance d’écouter notre âme pour l’ouvrir ensuite au Seigneur. Peut-être venons-nous de connaître des jours de fatigue, de joie, de douleur, et nous voulons le dire au Seigneur, invoquer son aide, demander qu’il soit proche de nous ; peut-être avons-nous des parents et des amis malades ou qui traversent des périodes difficiles ; peut-être désirons-nous confier à Dieu le destin de l’Eglise et du monde. C’est à cela que sert le bref silence avant que le prêtre, recueillant les intentions de chacun, ne récite à haute voix à Dieu, au nom de tous, la prière commune qui conclut les rites d’introduction, en faisant précisément la « collecte » des intentions individuelles. Je recommande vivement aux prêtres d’observer ce moment de silence et de ne pas se presser. (…) Sans ce silence, nous risquons de négliger le recueillement de l’âme.

    Le prêtre récite cette collecte, les bras ouverts : c’est la position de l’orant, adoptée par les chrétiens depuis les premiers siècles pour imiter le Christ les bras ouverts sur le bois de la croix. Et là, le Christ est l’orant et dans le même temps la prière ! Dans le crucifié, nous reconnaissons le prêtre qui offre à Dieu le culte qu’il aime, c’est-à-dire l’obéissance filiale. (Audience, 10 janvier 2018)

     

  • 11. La liturgie de la Parole est une partie constitutive de la messe qui nous rassemble pour écouter ce que Dieu a fait et entend encore faire pour nous. C’est une expérience qui a lieu « en direct » et non par ouï-dire, car « lorsqu’on lit dans l’Eglise la Sainte Ecriture, c’est Dieu lui-même qui parle à son peuple, et c’est le Christ, présent dans sa parole, qui annonce l’Evangile » (PGMR n° 29). (…) Quand on lit la Parole de Dieu dans la Bible (la première lecture, la deuxième, le Psaume responsorial et l’Evangile) nous devons écouter, ouvrir notre cœur, parce que c’est Dieu lui-même qui nous parle et il ne faut pas penser à d’autres choses ou parler d’autres choses. (…) Parfois, nous ne comprenons peut-être pas bien, car certaines lectures sont un peu difficiles. Mais Dieu nous parle tout de même d’une autre manière. Il faut rester en silence et écouter la Parole de Dieu. (…)

    La proclamation liturgique des mêmes lectures, avec les chants tirés des Saintes Ecritures, exprime et favorise la communion ecclésiale. (…) On comprend donc pourquoi certains choix subjectifs, comme l’omission de lectures ou leur remplacement par des textes non bibliques, sont interdits. (…) Remplacer cette Parole par d’autres choses appauvrit et compromet le dialogue entre Dieu et son peuple en prière. Au contraire, la dignité de l’ambon, l’utilisation du lectionnaire, le choix de bons lecteurs et psalmistes favorisent l’expérience de ce dialogue dans un climat de silence propice à l’écoute. (Audience, 31 janvier 2018)

     

  • 12. De même que les mystères du Christ illuminent la révélation biblique tout entière, ainsi, dans la liturgie de la Parole, l’Évangile constitue la lumière pour comprendre le sens des textes bibliques qui le précèdent, tant de l’Ancien que du Nouveau Testament. En effet, « le Christ est le centre et la plénitude de toute l’Ecriture et de toute la célébration liturgique ». (…)

    C’est pourquoi la liturgie elle-même distingue l’Évangile des autres lectures et l’entoure d’un honneur et d’une vénération particuliers. En effet, sa lecture est réservée au ministre ordonné, qui termine en baisant le livre ; on se met à l’écoute en se levant et en faisant le signe de la croix sur le front, la bouche et la poitrine ; les cierges et l’encens honorent le Christ qui, à travers la lecture évangélique, fait retentir sa parole concrète. Dans ces signes, l’assemblée reconnaît la présence du Christ qui lui adresse la « bonne parole », qui convertit et transforme. C’est un discours direct qui a lieu, comme l’atteste l’acclamation par lesquelles on répond à la proclamation : « Louange à toi, Seigneur Jésus ». Nous nous levons pour écouter l’Évangile, c’est le Christ qui nous parle là. Et c’est pour cela que nous sommes attentifs, parce que c’est un dialogue direct. C’est le Seigneur qui nous parle.
    Dans la Messe, nous ne lisons pas l’Évangile pour savoir comment les choses se sont passées, mais nous écoutons l’Évangile pour prendre conscience de ce que Jésus a fait et dit un jour; que cette Parole est vivante, la Parole de Jésus qui est dans l’Évangile est vivante et arrive à mon cœur. (Audience, 7 février 2018)

     

  • 13. Pour faire parvenir son message, le Christ se sert également de la parole du prêtre qui, après l’Evangile, prononce l’homélie. (…) Elle n’est pas un discours de circonstance – pas même une catéchèse – ni une conférence ou une leçon, l’homélie est une autre chose. Elle reprend ce dialogue qui est déjà engagé entre le Seigneur et son peuple, afin qu’il trouve son accomplissement dans la vie. L’exégèse authentique de l’Évangile est notre sainte vie ! La Parole du Seigneur termine sa course en se faisant chair en nous, en se traduisant en œuvres, comme cela a eu lieu chez Marie et les saints. La Parole du Seigneur entre par les oreilles, arrive au cœur et va aux mains, aux bonnes œuvres. Et l’homélie suit elle aussi la Parole du Seigneur et fait également ce parcours pour nous aider, afin que la Parole du Seigneur arrive aux mains, en passant par le cœur.

    (…) Qui prononce l’homélie doit bien accomplir son ministère, en offrant un réel service à tous ceux qui participent à la Messe, mais ceux qui l’écoutent doivent également jouer leur rôle. Avant tout en prêtant l’attention qui est due, c’est-à-dire en assumant les justes dispositions intérieures, sans prétentions subjectives, en sachant que chaque prédicateur a des qualités et des limites. (…)
    Dans la liturgie de la Parole, à travers l’Évangile et l’homélie, Dieu dialogue avec son peuple, qui l’écoute avec attention et vénération et, dans le même temps, le reconnaît présent et à l’œuvre. Si donc, nous nous plaçons à l’écoute de la « bonne nouvelle », nous serons convertis et transformés par elle, et donc capables de nous transformer, ainsi que le monde. (Audience, 7 février 2018)

     

  • 14. L’homélie répond au droit spirituel du peuple de Dieu à recevoir avec abondance le trésor de la Parole de Dieu (cf. Introduction au lectionnaire, n° 45). En allant à la Messe, chacun de nous a le droit de recevoir en abondance la Parole de Dieu bien lue, bien dite, puis bien expliquée dans l’homélie. (…) Le Seigneur parle pour tous, pasteurs et fidèles. Il frappe au cœur de ceux qui participent à la Messe, chacun dans sa condition de vie, âge, situation. Le Seigneur console, appelle, suscite des germes de vie nouvelle et réconciliée. (…)

    Après l’homélie, un temps de silence permet d’enraciner dans l’âme la semence reçue, afin que naissent des intentions d’adhésion à ce que l’Esprit a suggéré à chacun. (…) Après ce silence (…) le Credo récité par toute l’assemblée manifeste la réponse commune à ce que l’on a écouté ensemble de la Parole de Dieu (cf. Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 185-197). Il existe un lien vital entre écoute et foi : la foi ne naît pas de l’imagination d’esprits humains mais « de la prédication et la prédication se fait par la parole du Christ » (Rm 10, 17). La foi s’alimente donc par l’écoute et conduit au sacrement. (…)
    Le Symbole de foi lie l’Eucharistie au baptême, reçu « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », et nous rappelle que les sacrements sont compréhensibles à la lumière de la foi de l’Église. (Audience, 14 février 2018)

     

  • 15. La réponse à la Parole de Dieu accueillie avec foi s’exprime ensuite dans la supplication commune, appelée Prière universelle, parce qu’elle englobe les nécessités de l’Eglise et du monde (cf. PGMR n° 69-71). Elle est également appelée Prière des fidèles.

    Les Pères de Vatican II ont voulu rétablir cette prière après l’Évangile et l’homélie, en particulier le dimanche et les fêtes, afin qu’« avec la participation du peuple, on fasse des supplications pour la sainte Église, pour ceux qui détiennent l’autorité publique, pour ceux qui sont accablés par diverses détresses, et pour tous les hommes et le salut du monde entier » (SC n° 53). C’est pourquoi, sous la direction du prêtre qui introduit et conclut, « le peuple exerçant la fonction de son sacerdoce baptismal, présente à Dieu des prières pour le salut de tous » ( PGMR n° 69). (…)
    Rappelons-nous, en effet, de ce que nous a dit le Seigneur Jésus: « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et vous l’aurez » (Jn 15, 7). (…) Les intentions pour lesquelles le peuple est invité à prier doivent donner voix aux besoins concrets de la communauté ecclésiale et du monde, en évitant de recourir à des formules conventionnelles et myopes. La prière « universelle », qui conclut la liturgie de la Parole, nous exhorte à faire nôtre le regard de Dieu, qui prend soin de tous ses enfants. (Audience, 14 février 2018)

     

  • 16. À la liturgie de la Parole fait suite l’autre partie constitutive de la Messe : la liturgie eucharistique. (…) Le prêtre, qui au cours de la Messe représente le Christ, accomplit ce que le Seigneur lui-même fit et confia aux disciples lors de la Dernière Cène : (…) « Prenez, mangez… Buvez : ceci est mon corps… ceci est la coupe de mon sang. Vous ferez cela en mémoire de moi ».

    Obéissant au commandement de Jésus, l’Eglise a organisé la liturgie eucharistique en moments qui correspondent aux paroles et aux gestes qu’Il a accomplis la veille de sa Passion. Ainsi, dans la préparation des dons, sont apportés à l’autel le pain et le vin, c’est-à-dire les éléments que le Christ a pris dans ses mains. Dans la Prière eucharistique, nous rendons grâce à Dieu pour l’œuvre de la rédemption et les dons offerts deviennent le Corps et le Sang de Jésus Christ. Suivent la fraction du Pain et la communion, à travers lesquels nous revivons l’expérience des apôtres qui reçurent les dons eucharistiques des mains du Christ lui-même (cf. PGMR n° 72). (…) Dans les signes du pain et du vin, le peuple fidèle place son offrande dans les mains du prêtre, qui la dépose sur l’autel ou la table du Seigneur, « qui est le centre de toute la liturgie eucharistique » (PGMR n° 73). (…) Ainsi, « la vie des fidèles, leur louange, leur souffrance, leur prière, leur travail, sont unis à ceux du Christ et à sa totale offrande, et acquièrent ainsi une valeur nouvelle » (CEC n° 1368). (Audience, 28 février 2018)

     

  • 17. Le Christ nous demande ces offrandes symboliques que sont le pain et le vin qui deviendront ensuite Son corps et Son sang. Une image de ce mouvement oblatif de prière est représentée par l’encens qui, consumé dans le feu, libère une fumée parfumée qui monte vers le ciel: encenser les offrandes, comme on le fait les jours de fête, encenser la croix, l’autel, le prêtre et le peuple sacerdotal manifeste visiblement le lien d’offrande qui unit toutes ces réalités au sacrifice du Christ (cf. PGMRn° 75). (…) Et tout cela est ce qu’exprime également la prière sur les offrandes. En elle, le prêtre demande à Dieu d’accepter les dons que l’Eglise lui offre, en invoquant le fruit de l’admirable échange entre notre pauvreté et sa richesse. Dans le pain et dans le vin, nous lui présentons l’offrande de notre vie, afin qu’elle soit transformée par l’Esprit Saint dans le sacrifice du Christ et qu’elle devienne en Lui une seule offrande spirituelle agréable au Père. Tandis que se conclut ainsi la préparation des dons, on se prépare à la Prière eucharistique (cf. PGMR n° 77). (…)

    Je vous invite à développer dans le quotidien de votre vie cette spiritualité du don de soi qui s’exprime pleinement dans l’offertoire de la messe, et qui nous porte à offrir au Seigneur nos activités, nos souffrances et nos relations avec les autres. (Audience, 28 février 2018)

     

  • 18. Après le rite de la présentation du pain et du vin, commence la Prière eucharistique, qui qualifie la célébration de la Messe et en constitue le moment central, organisé autour de la sainte Communion. Cela correspond à ce que Jésus lui-même fit, à table avec les apôtres au cours de la Dernière Cène, alors qu’il «rendit grâce» sur le pain, puis sur la coupe du vin (cf. Mt 26, 27; Mc 14, 23; Lc 22, 17.19; 1Co 11, 24) : son action de grâce revit dans chaque Eucharistie, en nous associant à son sacrifice de salut.

    Et dans cette prière solennelle l’Église exprime ce qu’elle accomplit quand elle célèbre l’Eucharistie et la raison pour laquelle elle la célèbre, c’est-à-dire faire la communion avec le Christ réellement présent dans le pain et le vin consacrés. Après avoir invité le peuple à élever son cœur au Seigneur et à lui rendre grâce, le prêtre prononce la prière à haute voix, au nom de toutes les personnes présentes, en s’adressant au Père au moyen de Jésus Christ dans l’Esprit Saint. « Le sens de cette prière est que toute l’assemblée des fidèles s’unisse au Christ dans la confession des hauts faits de Dieu et dans l’offrande du sacrifice » (PGMR n° 78). Et pour s’unir, il doit comprendre. C’est pourquoi, l’Église a voulu célébrer la Messe dans la langue que les gens comprennent, afin que chacun puisse s’unir à cette louange et à cette grande prière avec le prêtre. En vérité, « le sacrifice du Christ et le sacrifice de l’Eucharistie sont un unique sacrifice » (CEC n° 1367). (Audience, 7 mars 2018)

     

  • 19. Lors de la Dernière Cène, après que Jésus eut pris le pain et la coupe du vin, et qu’il eut rendu grâce à Dieu, nous savons qu’il « rompit le pain ». C’est à cette action que correspond, dans la liturgie eucharistique de la Messe, la fraction du Pain, précédée par la prière que le Seigneur nous a enseignée, c’est-à-dire le « Notre Père ». (…)

    Ce n’est pas l’une des nombreuses prières chrétiennes, mais c’est la prière des enfants de Dieu : c’est la grande prière que Jésus nous a enseignée. En effet, nous étant remis le jour de notre baptême, le « Notre Père » fait retentir en nous les mêmes sentiments qui furent ceux de Jésus Christ. Quand nous prions avec le « Notre Père », nous prions comme Jésus priait. C’est la prière qu’a faite Jésus, et il nous l’a enseignée ; quand les disciples lui ont dit: « Maître, enseigne-nous à prier comme tu pries ». Et Jésus priait ainsi. Formés à son enseignement divin, nous osons nous adresser à Dieu en l’appelant « Père », parce que nous sommes renés comme ses enfants à travers l’eau et l’Esprit Saint (cf. Ep 1, 5). Personne, en vérité, ne pourrait l’appeler familièrement « Abbà », « Père », sans avoir été engendré par Dieu, sans l’inspiration de l’Esprit, comme l’enseigne saint Paul (cf. Rm 8, 15). (…) Quand nous récitons le « Notre Père », nous nous mettons en liaison avec le Père qui nous aime, mais c’est l’Esprit qui nous met en liaison, qui nous donne ce sentiment d’être des enfants de Dieu. (Audience, 14 mars 2018)

     

  • 20. Quelle meilleure prière que celle enseignée par Jésus peut nous disposer à la communion sacramentelle avec Lui ? Outre que pendant la Messe, le « Notre Père » est récité le matin et le soir, pendant les laudes et les vêpres ; de cette manière, l’attitude filiale envers Dieu et de fraternité avec notre prochain contribue à donner une forme chrétienne à nos journées.

    Dans la prière du Seigneur, le « Notre Père », nous demandons notre « pain quotidien », dans lequel nous apercevons une référence particulière au Pain eucharistique, dont nous avons besoin pour vivre comme enfants de Dieu. Nous implorons aussi « le pardon de nos offenses », et pour être dignes de recevoir le pardon de Dieu, nous nous engageons à pardonner ceux qui nous ont offensés. Et cela n’est pas facile. Pardonner les personnes qui nous ont offensés n’est pas chose aisée ; c’est une grâce que nous devons demander : « Seigneur enseigne-moi à pardonner comme tu m’as pardonné ». C’est une grâce ! Nous ne pouvons pas le faire avec nos forces : pardonner est une grâce de l’Esprit Saint. Ainsi, alors qu’il ouvre notre cœur à Dieu, le « Notre Père » nous dispose aussi à l’amour fraternel. Enfin, nous demandons aussi à Dieu de « nous délivrer du mal » qui nous sépare de Lui et nous divise de nos frères. Comprenons bien que ce sont des requêtes très adaptées à nous préparer à la communion (cf. PGMR n° 81). (Audience, 14 mars 2018)

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    21. Ce que nous demandons dans le « Notre Père » est prolongé par la prière du prêtre qui, au nom de tous, supplie : « Délivre-nous, Seigneur, de tout mal et donne la paix à notre temps ». Et elle reçoit ensuite une sorte de sceau dans le rite de la paix : en premier lieu, on invoque du Christ que le don de sa paix (cf. Jn 14, 27) – si différente de la paix du monde – fasse grandir l’Église dans l’unité et dans la paix, selon sa volonté ; puis, à travers le geste concret échangé entre nous, nous exprimons « la communion dans l’Eglise ainsi que leur amour mutuel avant de communier au sacrement » (PGMR n° 82). Dans le rite romain, l’échange du signe de paix, placé dès l’antiquité avant la communion, a pour objectif la communion eucharistique. Selon l’avertissement de saint Paul, il n’est pas possible de communier à l’unique Pain qui fait de nous un seul Corps dans le Christ, sans nous reconnaître pacifiés par l’amour fraternel (cf. 1 Co 10, 16-17; 11, 29). La paix du Christ ne peut pas s’enraciner dans un cœur incapable de vivre la fraternité et de la recomposer après l’avoir blessée. C’est le Seigneur qui donne la paix: Il nous donne la grâce de pardonner ceux qui nous ont offensés. (Audience, 14 mars 2018)

     

  • 22. Le geste de la paix est suivi de la fraction du Pain, qui dès les temps apostoliques a donné nom à toute la célébration de l’Eucharistie (cf. PGMR n° 83 ; Catéchisme de l’Eglise catholique n° 1329). Accompli par Jésus au cours de la Dernière Cène, rompre le Pain est le geste révélateur qui a permis aux disciples de le reconnaître après sa résurrection. Rappelons les disciples d’Emmaüs, qui, en parlant de la rencontre avec le Ressuscité, racontent « qu’ils l’avaient reconnu lors de la fraction du pain » (cf. Lc 24, 30-31.35).

    La fraction du Pain eucharistique est accompagnée par l’invocation de l’« Agneau de Dieu », la figure avec laquelle Jean-Baptiste a indiqué en Jésus « celui qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29). L’image biblique de l’Agneau parle de la rédemption (cf. Ex 12, 1-14; Is 53, 7; 1 P 1, 19; Ap 7, 14). Dans le Pain eucharistique, rompu pour la vie du monde, l’assemblée en prière reconnaît le véritable Agneau de Dieu, c’est-à-dire le Christ Rédempteur, et elle le supplie : « Prends pitié de nous… Donne-nous la paix ».
    « Prends pitié de nous », « Donne-nous la paix » sont des invocations qui, de la prière du « Notre Père » à la fraction du Pain, nous aident à disposer notre âme à participer au banquet eucharistique, source de communion avec Dieu et avec nos frères. (Audience, 14 mars 2018)

     

  • 23. La célébration de la Messe, dont nous parcourons les divers moments, a pour objectif la communion sacramentelle, c’est-à-dire nous unir à Jésus. La communion sacramentelle : pas la communion spirituelle, que tu peux faire chez toi en disant : « Jésus je voudrais te recevoir spirituellement ». Non, la communion sacramentelle, avec le corps et le sang du Christ. Nous célébrons l’Eucharistie pour nous nourrir du Christ, qui se donne lui-même à nous dans la Parole et dans le sacrement de l’autel, pour nous configurer à Lui. Le Seigneur lui-même le dit : « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » (Jn 6, 56). En effet, le geste de Jésus qui donna son Corps et son Sang à ses disciples lors de la dernière Cène, continue encore aujourd’hui à travers le ministère du prêtre et du diacre, ministres ordinaires de la distribution à leurs frères du Pain de la vie et de la Coupe du salut.

    Pendant la Messe, après avoir rompu le Pain consacré, c’est-à-dire le Corps de Jésus, le prêtre le montre aux fidèles en les invitant à participer au banquet eucharistique. Nous connaissons les paroles qui retentissent du saint autel : « Heureux les invités au repas du Seigneur : Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». (Audience, 21 mars 2018)

     

  • 24. « Heureux les invités au repas du Seigneur : Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Inspiré d’un passage de l’Apocalypse – « Heureux les gens invités au festin de noce de l’Agneau » (Ap 19, 9) : il dit « noce » parce que Jésus est l’époux de l’Eglise – cette invitation nous appelle à faire l’expérience de l’union intime avec le Christ, source de joie et de sainteté. C’est une invitation qui réjouit et qui, dans le même temps, incite à un examen de conscience illuminé par la foi. Si d’une part, en effet, nous voyons la distance qui nous sépare de la sainteté du Christ, de l’autre, nous croyons que son Sang est « versé pour la rémission des péchés ». Nous sommes tous pardonnés dans le baptême, et nous sommes tous pardonnés ou serons pardonnés à chaque fois que nous nous approchons du sacrement de la pénitence : Jésus pardonne toujours ; Jésus ne se lasse pas de pardonner. C’est nous qui nous lassons de demander pardon. Précisément en pensant à la valeur salvifique de ce Sang, saint Ambroise s’exclame : « Moi qui pèche toujours, je dois toujours disposer du remède ». Avec cette foi, nous tournons nous aussi notre regard vers l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde et nous l’invoquons : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir ; mais dis seulement une parole et je serai guéri ». Nous le disons lors de chaque Messe. (Audience, 21 mars 2018)

     

  • 25. Bien que nous nous déplacions en procession pour faire la communion, c’est en réalité le Christ qui vient à notre rencontre pour nous assimiler à lui. Il y a une rencontre avec Jésus ! Se nourrir de l’Eucharistie signifie se laisser transformer en ce que nous recevons. Saint Augustin nous aide à le comprendre, quand il raconte la lumière qu’il a reçue en entendant le Christ lui dire : « Je suis la nourriture des forts; grandis, et tu me mangeras. Mais tu ne me changeras pas en toi comme la nourriture de ta chair. C’est toi qui seras changé en moi » (Confessions).
    Chaque fois que nous faisons la communion, nous ressemblons davantage à Jésus, nous nous transformons davantage en Jésus. De même que le pain et le vin sont convertis en Corps et Sang du Seigneur, ceux qui les reçoivent avec foi sont transformés en Eucharistie vivante. Au prêtre qui te dit, en distribuant l’Eucharistie : « Le Corps du Christ », tu réponds : « Amen », c’est-à-dire que tu reconnais la grâce et l’engagement que comporte le fait de devenir le Corps du Christ. Car quand tu reçois l’Eucharistie, tu deviens le corps du Christ. Cela est beau ; cela est très beau. Alors qu’elle nous unit au Christ, en nous arrachant à nos égoïsmes, la communion nous ouvre et nous unit à tous ceux qui sont un avec Lui. Voilà le prodige de la communion : nous devenons ce que nous recevons ! (Audience, 21 mars 2018)

     

  • 26. L’Église désire vivement que les fidèles reçoivent eux aussi le Corps du Seigneur avec des hosties consacrées pendant la Messe ; et le signe du banquet eucharistique s’exprime avec une plus grande plénitude si la communion est faite sous les deux espèces, tout en sachant que l’Église catholique enseigne que, sous une seule espèce, on reçoit le Christ tout entier (cf. PGMR n° 85.281-282). Selon la pratique ecclésiale, le fidèle s’approche normalement de l’Eucharistie en procession et il communie debout, ou bien agenouillé, selon ce qui est établi par la conférence épiscopale, en recevant le sacrement dans la bouche ou bien, là où cela est autorisé, dans la main, comme il le préfère (cf. PGMR n° 160-161). Après la communion, le silence, la prière silencieuse nous aide à conserver le don reçu dans notre cœur. Prolonger un peu ce moment de silence, en parlant avec Jésus dans notre cœur ainsi que chanter un psaume ou un hymne de louange (cf. PGMR n° 88) nous aidera à demeurer avec le Seigneur.

    La liturgie eucharistique est conclue par la prière après la communion. Dans celle-ci, au nom de tous, le prêtre s’adresse à Dieu pour lui rendre grâce d’avoir fait de nous ses convives et demander que ce que nous avons reçu transforme notre vie. (Audience, 21 mars 2018)

     

  • 27. Suite à la prière après la communion, la Messe se conclut par la bénédiction donnée par le prêtre et l’envoi du peuple (cf. PGMR n° 90). De même qu’elle avait commencé avec le signe de la croix, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, c’est encore au nom de laTrinité que se conclut la Messe, c’est-à-dire l’action liturgique.

    Toutefois, nous savons bien que si la Messe finit, l’engagement du témoignage chrétien commence. Les chrétiens ne vont pas à la Messe pour accomplir un devoir hebdomadaire et puis ils oublient. Les chrétiens vont à la Messe pour participer à la Passion et à la Résurrection du Seigneur, et pour vivre ensuite davantage en tant que chrétiens : l’engagement du témoignage chrétien commence. Nous sortons de l’église pour « aller en paix », apporter la bénédiction de Dieu dans les activités quotidiennes, dans nos maisons, sur les lieux de travail, parmi les occupations de la cité terrestre, « en glorifiant le Seigneur par notre vie ». Mais si nous sortons de l’église en bavardant et en disant : « Regarde celui-ci, regarde celle-là… », avec la langue bien pendue, la Messe n’est pas entrée dans mon cœur. Pourquoi ? Parce que je ne suis pas capable de vivre le témoignage chrétien. Chaque fois que je sors de la Messe, je dois sortir meilleur que je ne suis entré, avec plus de vie, avec plus de force, avec plus de volonté d’apporter un témoignage chrétien. À travers l’Eucharistie, le Seigneur Jésus entre en nous, dans notre cœur et dans notre chair, afin que nous puissions exprimer dans la vie le sacrement reçu dans la foi. (Audience, 4 avril 2018)

     

  • 28. Conscients que la Messe trouve son accomplissement dans les choix concrets de qui participe en première personne aux mystères du Christ, nous ne devons pas oublier que nous célébrons l’Eucharistie pour apprendre à devenir des hommes et des femmes eucharistiques. Cela signifie laisser agir le Christ dans nos œuvres : que ses pensées soient nos pensées, ses sentiments nos sentiments, ses choix nos choix. Faire comme a fait le Christ, c’est cela la sainteté chrétienne.
    C’est ce qu’exprime précisément saint Paul, en parlant de son assimilation à Jésus, et il dit : « Je suis crucifié avec le Christ ; et ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga 2, 19-20). Voilà le témoignage chrétien. L’expérience de Paul nous illumine également : dans la mesure où nous mortifions notre égoïsme, c’est-à-dire que nous faisons mourir ce qui s’oppose à l’Évangile et à l’amour de Jésus, se crée en nous un plus grand espace pour la puissance de son Esprit. Les chrétiens sont des hommes et des femmes qui laissent leur âme s’élargir par la force de l’Esprit Saint, après avoir reçu le Corps et le Sang du Christ. Laissez élargir votre âme ! Pas ces âmes si étroites et fermées, petites, égoïstes, non ! Des âmes larges, des âmes grandes, avec de grands horizons… Laissez élargir votre âme par la force de l’Esprit, après avoir reçu le Corps et le Sang du Christ. (Audience, 4 avril 2018)

     

  • 29. Etant donné que la présence réelle du Christ dans le Pain consacré ne se termine pas avec la Messe (cf. CEC n° 1374), l’Eucharistie est conservée dans le tabernacle pour la communion des malades et pour l’adoration silencieuse du Seigneur dans le Très Saint Sacrement ; le culte eucharistique en dehors de la Messe, tant sous forme privée que communautaire, nous aide en effet à demeurer dans le Christ (cf. CEC n° 1378-1380).

    Les fruits de la Messe sont donc destinés à mûrir dans la vie de chaque jour. Nous pouvons ainsi dire, en forçant un peu l’image : la Messe est comme le grain de blé qui croît ensuite dans la vie ordinaire, qui croît et mûrit dans les bonnes œuvres, dans les comportements qui nous font ressembler à Jésus. Les fruits de la Messe sont donc destinés à mûrir dans la vie de chaque jour. En vérité, en accroissant notre union au Christ, l’Eucharistie renouvelle la grâce que l’Esprit nous a donnée dans le baptême et dans la confirmation, afin que notre témoignage chrétien soit crédible (cf. CEC n° 1391-1392).
    (…) Nous approcher régulièrement de la Table eucharistique renouvelle, fortifie et approfondit le lien avec la communauté chrétienne à laquelle nous appartenons, suivant le principe selon lequel l’Eucharistie fait l’Église (cf. CEC n° 1396), elle nous unit tous.
    Enfin, participer à l’Eucharistie engage à l’égard des autres, en particulier des pauvres, en nous éduquant à passer de la chair du Christ à la chair de nos frères, dans lesquels il attend d’être reconnu, servi, honoré et aimé par nous (cf. CEC n° 1397). (Audience, 4 avril 2018)

     

  • 30. Le geste de Jésus accompli lors de la Dernière Cène est l’action de grâce ultime au Père pour son amour, pour sa miséricorde. En grec « action de grâce » se dit Eucharistie. C’est pourquoi le sacrement s’appelle Eucharistie : c’est l’action de grâce suprême au Père, qui nous a aimés au point de nous donner son Fils par amour. (…)

    La célébration eucharistique est donc bien plus qu’un simple banquet : c’est précisément le mémorial de la Pâque de Jésus, le mystère central du salut. « Mémorial » ne signifie pas seulement un souvenir, mais veut dire qu’à chaque fois que nous célébrons ce sacrement nous participons au mystère de la passion, de la mort et de la résurrection du Christ. L’Eucharistie constitue le sommet de l’action de salut de Dieu : le Seigneur Jésus, se faisant pain rompu pour nous, déverse en effet sur nous toute sa miséricorde et son amour, de manière à renouveler notre cœur, notre existence et notre façon de nous mettre en relation avec Lui et avec nos frères. C’est pourquoi communément, quand on s’approche de ce sacrement, on dit « recevoir la communion », « faire la communion » : cela signifie que dans la puissance du Saint-Esprit, la participation à la table eucharistique nous configure de manière unique et profonde au Christ, en nous faisant goûter dès à présent la pleine communion avec le Père qui caractérisera le banquet céleste, où avec tous les saints nous aurons la joie de contempler Dieu face à face. (Audience, 5 février 2014)

     

  • 31. Que signifie « manger la chair et boire le sang » de Jésus ? Est-ce une image simplement, une manière de s’exprimer, un symbole ou est-ce que cela renvoie à quelque chose de réel ? Pour répondre, il faut essayer de percevoir ce qui se passe dans le Cœur de Jésus lorsqu’il partage les pains pour la foule affamée. Sachant qu’il devra mourir en croix pour nous, Jésus s’identifie à ce pain qu’il rompt et qu’il partage, et ce pain devient pour Lui le « signe » du Sacrifice qui l’attend. Ce geste trouve son accomplissement dans la Dernière Cène, quand le pain et le vin deviennent réellement son Corps et son Sang. C’est l’Eucharistie, que Jésus nous laisse dans un but bien précis : que nous puissions devenir un avec Lui. En effet, il dit : « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui » (Jn 6, 56). Ce « demeurer », c’est Jésus en nous et nous en Jésus. La communion est une assimilation : en le mangeant, nous devenons comme Lui. Mais cela demande notre « oui », notre adhésion dans la foi. (…) Nous nourrir de ce « Pain de vie » signifie entrer dans les sentiments du Cœur du Christ, faire nôtres les choix du Christ, ses pensées, ses manières d’agir. Cela veut dire entrer dans un dynamisme d’amour et devenir des personnes de paix, des personnes de pardon, de réconciliation, de partage solidaire. C’est faire les mêmes choses que Jésus. (Angélus, 16 août 2015)