Le rite des cendres

La coutume de se couvrir la tête de cendres est une ancienne pratique pénitentielle qui remonte au peuple hébreu (cf. par exemple Jon 3, 5-9 ; Jr 6, 26 ; 25-34 ; Mt 11, 21).
Dans la tradition biblique (comme dans la plupart des religions antiques) la cendre est le symbole de l’insignifiance humaine. L’existence de l’homme est précaire : quelle que soit sa grandeur éphémère – réelle ou apparente –, il est vite réduit à l’exiguïté de la cendre ou de la poussière. Dans son marchandage avec le Seigneur, au sujet de la destruction de Sodome et Gomorrhe, Abraham prend la précaution de le reconnaître : « Je suis bien hardi de parler à mon Seigneur, moi qui suis poussière et cendre » (Gn 18, 27).
Face à Dieu, l’homme n’est pas seulement fragile et inconsistant : il est encore et surtout pécheur, c’est-à-dire rebelle à la volonté aimante de son Créateur. Le feu dévorant de la colère divine réduit en cendres l’orgueil humain (Ez 28, 18).

Vers l’an 300, le rite fut adopté par certaines Églises et intégré au rite d’excommunication temporaire ou de renvoi des pécheurs publics de la communauté. Il arrivait que certaines pénitences durent plusieurs années, voire toute la vie…
Peu à peu la dimension personnelle du péché, plutôt que son caractère public fut objet d’insistance. Par conséquent, les traditions associées au mercredi des Cendres furent appliquées à tous les adultes. Au 11e siècle, les pratiques en usage étaient fort semblables à celles que nous connaissons aujourd’hui.

Symbole de pénitence, le rite nous rappelle notre condition humaine : sur cette terre nous ne sommes que de passage et il exprime que nous sommes pécheurs, appelés à nous convertir. En traçant une croix sur le front du chrétien, le prêtre dit : « Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. » (Mc 1, 15) ou bien « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière » (Gn 3, 19). Les cendres que l’on utilise pour la célébration sont faites en brûlant les rameaux bénis au dimanche des rameaux de l’année précédente. Le feu qui brûle le rameau évoque le feu de l’amour de Dieu qui doit réduire en cendre tout ce qui est péché. Il s’agit bien de « vivre de la vie nouvelle à l’image de ton Fils ressuscité » (extrait d’une prière avant l’imposition des Cendres).
Monseigneur Yvon Aybram (fip n°26 du 26 février 2017)